Les projets
Serres PASSIFLORE
Janvier 2021:
Nous allons installer dans les prochaines semaines notre première serre solaire passive! Il s'agit de la partie 1 du projet. La Partie 2 demande des investissements plus importants et sera donc effectuée plus tard. Nous commençons par le Côté ouest; les deux côtés seront adossés au même bâtiment.
Il s'agit d'un système encore marginal au Québec au niveau des serres de production, même s'il commence depuis quelques années à se répandre petit à petit, popularisé à la télé récemment. En effet, cette serre ressemble davantage à un solarium, elle a un toit isolé.
Notre plan se base sur des informations données lors d'une formation sur les constructions écologiques offerte par SolutionEra à Chertsey en 2014.
Nous pouvons certainement le qualifier d'expérimental, même si les bases de son fonctionnement sont généralement bien établies, du moins au niveau des maisons avec chauffage solaire passif. En effet, ce projet comprend deux orientations plutôt qu'une façade unique faisant normalement face au sud ou sud-sud-est. Nous allons examiner les mouvements d'air, le contrôle passif de la condensation et les températures au cours des années à venir.
Cette serre devrait nous servir de modèle avant de construire le reste du projet.
Ci-dessous: installation d'une fenêtre issue de récupération - encore bonne pour sa nouvelle fonction!
Utilisation de la serre
En fonction (photo 2023)
Été 2024:
Ajout de masse thermique
À noter: il s’agit d’un schéma rapide légèrement coloré et les proportions ou l’échelle ne sont pas exacts, il y a un peu plus de fenêtres extérieures, beaucoup plus de piliers et de blocs sous le plancher …je veux simplement en exposer le concept ici. Les flèches en gris montrent le sens du déplacement d’air avec la ventilation. Les flèches en pointillé montrent l’endroit où la vue en coupe (image à gauche) est prise.
A. Serre, espace de culture
B. Maison, intérieur
C. Sol en terre
Février 2025:
Au moment d’écrire un paragraphe de l’infolettre 2025, nous sommes fin février et l’amélioration que j’ai apportée à notre petite serre/solarium adossée à la maison semble avoir fonctionné au-delà de mes attentes! Je suis devenue très joyeuse quand j’ai compris à quel point quelque chose d’aussi simple et peu coûteux pouvait changer complètement les possibilités de la serre! Donc cette petite serre/solarium a un toit isolé et du vitrage orienté sud-sud-ouest qui reçoit le rayonnement solaire à plein en hiver en milieu de journée jusqu’au coucher du soleil. L’an dernier, le plancher était en terre battue et sans autre artifice la température hivernale pouvait atteindre moins 15 °C. J’ai pris quelques jours de congé du jardinage l’été dernier afin de construire un stockage thermique semi-passif (une simple masse thermique ) pour voir l’effet de cet ajout. Semi-passif? Parce que cette masse de matière libère la nuit venue l’énergie solaire accumulée le jour sous forme de chaleur vers l’air plus frais de la serre et se recharge à nouveau le jour, avec l’aide d’un bon vieux ventilateur bien placé. Par ‘chance’, nous avons eu une excellente occasion de tester son fonctionnement cet hiver, avec plus de froid et de temps gris qu’à l’habitude… et malgré tout la température n’a jamais réussi à descendre sous les moins 5 °C !
Le ventilateur est démarré manuellement (branché) aucun système techno (on pourrait toujours ajouter un interrupteur automatique ou mécanique quand la température monte et qu’il n’y a personne pour démarrer le ventilateur). Ainsi l’air chaud accumulé dans la partie supérieure (l’espace de culture) est poussé en-dessous et circule à travers la masse thermique.
Nous disposions d’un tas de blocs et de dalles de béton au fond de la cour depuis que nous avions défait l’ancien aménagement paysager bétonné pour en faire des jardins alors je leur ai trouvé une bonne place dans la serre! (voir plan en haut et photos ci-dessous)
Les blocs ont été empilés par trois de haut et j’ai laissé des vides entre les piliers ainsi créés pour augmenter la surface de contact avec l’air. Sur ces piliers j’ai déposé les tuiles carrées de 18 pouces de côté (45cm) suivies d’une épaisseur de panneau en bois contreplaqué pour créer un plancher. Au fond je me demandais si ce serait suffisant en termes de masse thermique. Malgré le fait que j’avais déjà calculé auparavant le volume nécessaire pour une petite serre de cette taille, je n’ai pas pris le temps de calculer combien de masse les blocs représentaient (j’ai mis presque tout ce qui était disponible sans dépasser une hauteur de trois blocs pour conserver une hauteur libre suffisante et pouvoir installer les étagères à semis). L’éclairage est maintenant installé au-dessus des tablettes et prêt à entrer en fonction à temps pour le printemps!
Installation des blocs (été 2024) sous le futur plancher
Air rafraîchi ayant passé sous le plancher,
dans la zone des blocs
Air chaud poussé vers la zone des blocs (masse thermique)
(Vue à partir de l'emplacement du ventilateur)
Résultats!
Même si nous avons eu un hiver assez typique entre décembre 2024 et février 2025 en termes de température (excepté quelques pics de froid un peu plus nombreux) cet hiver a été plus nuageux dans l’ensemble (nous avons constaté du même coup que nous avons utilisé plus de bois qu’à l’habitude pour le chauffage de la maison, soit environ le 1/5 de plus). En décembre et janvier, la température de la serre oscillait surtout autour de 0 à 4 °C - ce qui nous a donné un réfrigérateur géant naturel pour stocker des restes, pas mal! Les quelques journées ensoleillées que nous avons eues lors desquelles j’ai pu démarrer le ventilateur ont été plus nombreuses à partir du début /mi- février. Les plus basses températures nocturnes (extérieures; moins 27° C à moins 30 °C, environ 4 fois) ont aussi été un peu plus nombreuses cet hiver que l’an dernier. Vous avez peut-être pu deviner que j’aime bien noter toutes sortes de données de ce type… Tandis qu’en 2024, avant d’installer la masse thermique, j’ai eu quelques pics de froid à moins 15°C dans la serre, la plus basse température enregistrée dans la serre jusqu’à maintenant n’a été que de moins 5°C !! Les « technologies » passives ou semi-passives sont quand même assez impressionnantes. La chaleur du soleil, les pertes de chaleur provenant de la maison via deux grands vitrages doubles (fermés), puis la chaleur accumulée dans le sol et la masse thermique sont les seules sources ou stocks d’énergie qui permettent de maintenir l’air de la serre beaucoup plus chaud que l’air extérieur. Qui plus est, lors d’un hiver ensoleillé, en après-midi, j’ouvre les fenêtres qui donnent vers la serre pour laisser entrer l’air chaud (25 - 30 °C) de la serre (toujours sec l’hiver) dans la maison. Chauffage gratuit! Et c’est un endroit bien agréable à utiliser l’hiver. Ciel bleu, neige au sol et de la chaleur qui fait rêver au printemps.
Cela fait plusieurs années que je mijote à installer une deuxième « vraie » serre, indépendante de la maison. Cette expérience me motive énormément et stimule chez moi des idées de design que j’appliquerais dans cette nouvelle version. Un projet de construction à la fois! Pendant ce temps, en effectuant des semis, en plantant, en développant des projets de croisements et d’essais variétaux, les tâches s’enchaînent et c’est pour cela que souvent on a l’impression que tout à la ferme avance au rythme de la tortue. Le bon côté, c’est que cela permet aux projets de maturer, d’aller étudier au fond des choses avant de trouver la version finale, au lieu de faire à la hâte: dans certains cas comme le nôtre, c’est donc une bonne chose de ne pas avoir accès au financement et subventions agricoles pour réaliser plus vite nos projets (surtout quand le projet semble trop bizarre pour coller aux feuilles de calcul du gouvernement - je rigole). Mais voilà qu’un jour enfin les pièces s’assemblent, et puis nous apprenons de nos travaux, n’est-ce pas l’important? L’autre aspect important: vous montrer quelques-uns de nos projets pour vous inspirer à essayer d’élaborer vous-même, comme nous mais à votre manière, des initiatives de résilience locale!
